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Par Denise47 le 30 Juin 2016 à 18:01
LE JARDIN ET LA MAISON
Voici l'heure où le pré, les arbres et les fleurs
Dans l'air dolent et doux soupirent leurs odeurs.Les baies du lierre obscur où l'ombre se recueille
Sentant venir le soir se couchent dans leurs feuilles,Le jet d'eau du jardin, qui monte et redescend,
Fait dans le bassin clair son bruit rafraîchissant ;La paisible maison respire au jour qui baisse
Les petits orangers fleurissant dans leurs caisses.Le feuillage qui boit les vapeurs de l'étang
Lassé des feux du jour s'apaise et se détend.Peu à peu la maison entr'ouvre ses fenêtres
Où tout le soir vivant et parfumé pénètre,Et comme elle, penché sur l'horizon, mon cœur
S'emplit d'ombre, de paix, de rêve et de fraîcheur...Anna de NOAILLES
♥♥♥ ♥♥♥
@maryse31
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Par Denise47 le 22 Juin 2016 à 11:43
LA CHAUDE CHANSON
La guitare amoureuse et l'ardente chanson
Pleure de volupté, de langueur et de force
Sous l'arbre où le soleil dore l'herbe et l'écorce,
Et devant le mur bas et chaud de la maison.Semblables à des fleurs qui tremblent sur leur tige,
Les désirs ondoyants se balancent au vent,
Et l'âme qui s'en vient soupirant et rêvant
Se sent mourir d'espoir, d'attente et de vertige.- Ah ! quelle pâmoison de l'azur tendre et clair !
Respirez bien, mon cœur, dans la chaude rafale,
La musique qui fait le cri vif des cigales,
Et la chanson qui va comme un pollen sur l'air...
Anna de NOAILLES
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Par Denise47 le 17 Juin 2016 à 08:47
JUIN
Dans cette vie où nous ne sommes
Que pour un temps si tôt fini,
L'instinct des oiseaux et des hommes
Sera toujours de faire un nid ;Et d'un peu de paille ou d'argile
Tous veulent se construire un jour,
Un humble toit, chaud et fragile,
Pour la famille et pour l'amour.Par les yeux d'une fille d'Ève
Mon cœur profondément touché
Avait fait aussi ce doux rêve
D'un bonheur étroit et caché.Rempli de joie et de courage,
A fonder mon nid je songeais ;
Mais un furieux vent d'orage
Vient d'emporter tous mes projets ;Et sur mon chemin solitaire
Je vois, triste et le front courbé,
Tous mes espoirs brisés à terre
Comme les œufs d'un nid tombé.François Coppée
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Par Denise47 le 15 Juin 2016 à 17:35
J'avale des couleuvres
Des cobras
Des vipères
Quelques serpents ailés
Mais on en trouve moins que naguère.Il m'arrive aussi
Pour vaincre mon ennui
D'avaler des contes
Et des recits
Totalement légendaires
De la sorte j'enrichis
Mon musée imaginaire.A parler franc j'avale
Quasi tout ce qu'on dit
Comme un vieux chien fidèle
A son maître soumis.Et qu'importe après tout
Si j'avale de travers
Je digère
Je digère
Je digèreJacques Herman
@Beauty2016
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Par Denise47 le 9 Juin 2016 à 19:52
CONFIDENCES
♥♥
Le destin quelquefois nous offre le bonheur,
De croiser un esprit qui nous ouvre son cœur,
Confiance partagée, nuancée de pudeur,
Magie de l'amitié qui s'éveille en douceur...J'apprécie pleinement l'étendue de ma chance,
D'avoir pu te croiser, et faire ta connaissance,
Je garde au fond de moi les moindres consonances,
De nos conversations sur ton de confidences.Quand le stress ou l'ennui se font trop ressentir,
Je ferme les paupières, pour mieux me souvenir,
De ces instants précieux gravés dans ma mémoire.Alors pour quelques temps mon esprit met les voiles,
Et tous nos bons moments deviennent des étoiles,
Inondant de clarté mes pensées les plus noires.Liliane Rosati
♥♥
@Beauty2016
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Par Denise47 le 6 Juin 2016 à 17:56
UN HOMME QUI PLEURE
Le ciel était bleu et dans cette mer sage
Les nuages traînaient de longs sillons d'écume,
L'air doux et parfumé caressait mon visage
Soudain je l'ai vu, il pleurait là, sur le bitume.
Son chagrin semblait fort mais était silencieux
Pas une plainte, pas un son ne sortait de sa bouche,
Juste l'eau qui coulait du brouillard de ses yeux
Et moi, un homme qui pleure, voyez-vous, cela me touche.
Je ne pouvais détacher mon regard de tendresse
Des gouttes de chagrin qui suivaient le chemin
Des rides que la vie avait creusées avec largesse
Et qu'il essuyait du revers de sa main.
Il ne regardait rien, juste devant lui
Mais que voyait-il sur cet invisible horizon,
Pleurait-il un amour, pleurait-il un ami
Car pour qu'un homme pleure, il faut une raison.
Qui donc, le premier, a eu la stupide impudence
De prétendre qu'un homme, un vrai, ne pleure pas,
Moi, je vous aime avec vos joies et vos souffrances
Vos forces, vos faiblesses, votre sensibilité, vos émois.
Parmi tous les passants, certains ont le sourire
Pourtant moi je suis là, avec la gorge serrée,
Envie de le consoler et envie de leur dire
Que ce n'est pas bien de rire de voir un homme pleurer.
Vous voir pleurer, messieurs, me fait tellement de peine
Vous qui préférez souvent cacher votre douleur,
Entendre vos sanglots me vide chaque fois les veines
Et le sel de vos larmes me brûle chaque fois le cœur.
Christine TEISSEDREEncadrement:@Beauty
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Par Denise47 le 1 Juin 2016 à 15:28
A BIEN REGARDER LES NUAGES
A bien regarder les nuages,
On peut voir des milliers d'images,
Fantastiques et irréelles,
Éphémères, étranges, et belles.
Un visage de vieillard,
Un dieu menant son char,
La mer et la montagne,
Une coupe à champagne.Puis les formes se fondent,
En quelques secondes,
Avant de s'étirer,
En nouveaux clichés.
Un ange, un éléphant,
Un cheval ou un paon,
Un arbre, une chaumière,
Un lit, une rivière.
C'est un charmant spectacle,
Fait de petits miracles,
Qui viennent et disparaissent,
Un peu comme des caresses.
Mais si je passe autant de temps,
Les yeux au ciel et l'air absent,
A observer les nuages,
C'est parce que j'y cherche toujours la plus belle des images
Ton visage.
Liliane Rosati
@Beauty2016
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Par Denise47 le 24 Mai 2016 à 09:25
A PORTÉE DE MAIN
Recevoir un sourire,
Et savoir s'en réjouir,
S'émouvoir d'une rose,
Au jardin, juste éclose.
Contempler les oiseaux,
Voler toujours plus haut.
Tant de petits bonheurs, juste à portée de main.Se sentir libre et insouciant,
Les tous premiers jours de printemps.
Lire un bon livre au coin d'un feu,
Un soir d'hiver froid et neigeux.
Avoir le cœur qui s'ensoleille,
Quand un nouvel amour s'éveille.
Tant de charmants bonheurs, juste à portée de mainRegarder son enfant grandir, s'épanouir,
Partager avec lui les joies et les fous rires.
Réinventer le monde, le temps de quelques heures,
Entre très bons amis, entre amants, entre sœurs.
Ouvrir parfois les yeux au milieu de la nuit,
Regarder ton visage, paisible et endormi.
Tant de profonds bonheurs, juste à portée de cœur.Liliane Rosati
@Beauty2016
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Par Denise47 le 22 Mai 2016 à 21:53
PARFUMS DE LILAS
Je rêve de terres lointaines
Où le soleil ne brûle pas,
Où dans la mousse des fontaines
Éclosent d'étranges lilas
Dont la prodigue inflorescence
A travers l'eau d'un arc-en-ciel
S'irise de parme et de miel
Sous des lueurs d'incandescence.
Fraîche est la nuit sous les étoiles...
Cueillant ton souffle sur mes bras
Je rêve de terres lointaines
Où m'endormir sous les lilas.
Maryse Abran-Pengrech
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Par Denise47 le 20 Mai 2016 à 09:20
LA LUNE
La lune est de mes nuits la tendre souveraine
Donnant à mon visage un teint de porcelaine
Capricieuse elle m'arrache à mes heures de sommeil
Imposant à mon âme de longs instants de veilleEnvoûtée je me lève et vais à ma fenêtre
Derrière un gros nuage elle joue à disparaître
Privant ainsi mes yeux de sa douce clarté
Malicieuse cherchant à se faire désirerPuis le vent la dévoile, découvrant lentement
Les timides rayons qu'elle diffuse tendrement
Sur les milliers d'étoiles, ses disciples fidèles
Lorsqu'elle se montre enfin tous les astres s'inclinent
Son éclat, sa froideur, m'égarent et mes fascinent
Et je bois sa beauté comme un poison mortel.
Liliane RosatiEncadrement:@Beauty
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Par Denise47 le 16 Mai 2016 à 17:29
L'APPARENCE
Ici bas, oh vraiment c'est une étrange chose :
Quand on souffre le plus, on prend un air joyeux ;
Quand on porte en son sein le cœur le plus morose,
On met, pour le cacher, un sourire en ses yeux.
De sa peine chacun meurt, et personne n'ose
Ôter à son chagrin son voile insoucieux ;
Homme, on veut être gai comme un enfant bien rose,
Et l'on refoule en soi sa douleur de son mieux.
Dans ce monde d'oubli, voilà, voilà l'usage !
Mais qu'on aille donc pas nous juger au visage,
Ni prendre pour du vrai tout ce clinquant moqueur !
Comme un arbre fleurit et verdit à l'écorce
Quand son vieux tronc creusé penche et tremble sans force,
On sourit au dehors, et l'on est mort au cœur.
Evariste Boulay-Paty
Recueil : Sonnets (1851)Bonne fin de journée et merci de votre visite.
@Beauty2016
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Par Denise47 le 2 Mai 2016 à 10:53
DEUX BONS VIEUX COQS
Le cabaret qui n'est pas neuf
Est bondé des plus vieux ivrognes
Dont rouge brique sont les trognes
Entre les grands murs sang de bœuf.
L'un d'entre eux, chenu comme un œuf,
D'une main sur la table cogne,
Et, son verre dans l'autre, il grogne :"Aussi vrai que j'suis d'Châteauneuf !
J'reste un bon coq, et l'diab' me rogne !
Je r'prendrais femm' si j'dev'nais veuf."
"Dam ! moi, fait le père Tubeuf,
J'suis ben dans mes quatre-vingt-neuf :
Et j'm'acquitte encor de ma b'sogne !"
Maurice Rollinat
(1846-1903)
Recueil : Paysage et PaysansEncadrement:@Beauty
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Par Denise47 le 20 Avril 2016 à 20:15
AVRIL
Déjà les beaux jours, - la poussière,
Un ciel d'azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; -
Et rien de vert : - à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !
Ce beau temps me pèse et m'ennuie.
- Ce n'est qu'après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l'eau.Gérard de Nerval
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Par Denise47 le 15 Avril 2016 à 05:13
La guenon, le singe et la noix
Une jeune guenon cueillit
Une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace... ah ! Certes,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux cailloux la casse,
L'épluche, la mange, et lui dit :
Votre mère eut raison, ma mie :
Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.Souvenez-vous que dans la vie,
Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.Jean-Pierre Claris de Florian
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Par Denise47 le 12 Avril 2016 à 12:29
La grande cascade
A cette heure, elle n'est sensible,
La grande cascade du roc,
Qui par son tonnerre d'un bloc,
La nuit la rend toute invisible.Et, pourtant, sa rumeur compacte
Décèle son bavement fou,
Sa chute à pic, en casse-cou,
Son ruement lourd de cataracte.Un instant, l'astre frais et pur
Écarte son nuage obscur,
Comme un œil lève sa paupière ;
Et l'on croit voir, subitement,
Crouler des murs de diamant
Dans un abîme de lumière.
Maurice Rollinat
@Beauty2016
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Par Denise47 le 5 Avril 2016 à 11:07
VOLUPTÉ DES PARFUMS
Volupté des parfums ! - Oui, toute odeur est fée.
Si j'épluche le soir, une orange échauffée,
Je rêve de théâtre et de profonds décors ;
Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
Dans la forêt d'hiver les chasseurs faire halte ;
Si je traverse enfin ce brouillard que l'asphalte
Répand, infect et noir, autour de son chaudron,
Je me crois sur un quai parfumé de goudron,
Regardant s'avancer, blanche, une goélette
Parmi les diamants de la mer violette.
François Coppée
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Par Denise47 le 1 Avril 2016 à 10:41
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Par Denise47 le 29 Mars 2016 à 11:28
LE VIEIL HOMME
Le vieil homme et son chien
Qui est son seul compagnon des jours incertains
Courbé par la dureté des années
Aujourd'hui son corps est épuisé
Parfois atteint par le cafard
Pour lui tout ce qui lui reste c'est son phare
Il a tellement vécu de souvenirs
Aujourd'hui c'est là qu'il voudrait mourir
Pour aller rejoindre sa chère épouse
Pour elle il avait mis des fleurs et de la pelouse
Marchant dans l'allée de son jardin
Il est toujours avec son fidèle chien
Il sait très bien qu'un jour le phare va s'éteindre
Il a promis de ne pas se plaindre
Mais dans sa tête il aura mal
Cela sera pour lui une blessure fatale
L'âge qui peu à peu nous mine
Nous laissant dans le déclin des abîmes
C'est dans ce chemin en fleurs
Que se trouve l'homme au grand cœur.
Jean Claude Lemesle@Beauty2016
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Par Denise47 le 22 Mars 2016 à 23:52
A L'ÉCOUTE
Ce que veulent dire les mots
On ne le sait pas quand ils viennent ;
Il faut qu'ils se parlent, se trouvent,
Qu'ils se découvrent, qu'ils apprennent...
Ce que veulent dire les mots,
Ils ne le savent pas eux-mêmes,
Mais les voilà qui se regroupent,
Qui s'interpellent, se répondent,
Et si l'on sait tendre l'oreille,
On entend parler le poème.Jacques Charpentreau
@Beauty2015
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Par Denise47 le 21 Mars 2016 à 10:22
LA BONNE CHIENNE
Les deux petits jouaient au fond du grand pacage ;
La nuit les a surpris, une nuit d'un tel noir
Qu'ils se tiennent tous deux par la main sans se voir
L'opaque obscurité les enclot dans sa cage.
Que faire ? les brebis qui paissaient en bon nombre,
Les chèvres, les cochons, la vache, la jument,
Sont égarés ou bien muets pour le moment,
Ils ne trahissent plus leur présence dans l'ombre.
Puis, la vague rumeur des mauvaises tempêtes
Sourdement fait gronder l'écho.
Mais la bonne chienne Margot
A rassemblé toutes les têtes
Du grand troupeau... si bien que, derrière les bêtes,
Chacun des deux petits lui tenant une oreille,
Tous les trois, à pas d'escargot,
Ils regagnent enfin, là-haut,
Le vieux seuil où la maman veille.Maurice Rollinat
@Beauty2015
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Par Denise47 le 18 Mars 2016 à 12:21
Le cri du cœur
Rondement, Mathurin
Mène dans sa carriole
La Dame qui s'affole
De filer d'un tel train.Elle crie au trépas !
Le vieux dit : " Not' maîtresse
N'soyez point en détresse
Puisque moi j'y suis pas.Si y'avait du danger
Vous m'verriez m'affliger
Tout comm'vous, encor pire !Pac'que, j'm'en vas vous dire :
J'tiens à vos jours, mais j'tiens
P'tèt' encor plus aux miens.Maurice Rollinat
@Beauty2015
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Par Denise47 le 11 Mars 2016 à 06:58
Aubade
L'aube est bien tardive à naître,
Il a gelé cette nuit ;
Et déjà sous ta fenêtre
Mon fol amour m'a conduit.Je tremble, mais moins encore
Du froid que de ma langueur ;
Le frisson du luth sonore
Se communique à mon cœur.Ému comme un petit page,
J'attends le moment plus sûr
Où j'entendrai le tapage
De tes volets sur le mur ;Et la minute me dure
Où m'apparaîtra soudain,
Dans son cadre de verdure,
Ton sourire du matin.François Coppée
Recueil : Le cahier rouge (1892)
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Par Denise47 le 5 Mars 2016 à 07:50
La petite marchande de fleurs
Le soleil froid donnait un ton rose au grésil,
Et le ciel de novembre avait des airs d'avril.
Nous voulions profiter de la belle gelée.
Moi chaudement vêtu, toi bien emmitouflée
Sous le manteau, sous la voilette et sous les gants,
Nous franchissions, parmi les couples élégants,
La porte de la blanche et joyeuse avenue,
Quand soudain jusqu'à nous une enfant presque nue
Et livide, tenant des fleurettes en main,
Accourut, se frayant à la hâte un chemin
Entre les beaux habits et les riches toilettes,
Nous offrir un petit bouquet de violettes.
Elle avait deviné que nous étions heureux
Sans doute, et s'était dit : "Ils seront généreux".
Elle nous proposa ses fleurs d'une voix douce,
En souriant avec ce sourire qui tousse.
Et c'était monstrueux, cette enfant de sept ans
Qui mourait de l'hiver en offrant le printemps.
Ses pauvres petits doigts étaient pleins d'engelures.
Moi, je sentais le fin parfum de tes fourrures,
Je voyais ton cou rose et blanc sous la fanchon,
Et je touchais ta main chaude dans ton manchon.
Nous fîmes notre offrande, amie, et nous passâmes ;
Mais la gaîté s'était envolée, et nos âmes
Gardèrent jusqu'au soir un souvenir amer.Mignonne, nous ferons l'aumône cet hiver.
François Coppée
(1842-1908)
10 commentaires -
Par Denise47 le 1 Mars 2016 à 18:52
PREMIER SOURIRE DU PRINTEMPS
Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.La nature au lit se repose ;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet.Sous l'herbe, pour que tu la cueilles
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête,
Il dit : "Printemps, tu peux venir !"Théophile GAUTIER
@Beauty2016
12 commentaires -
Par Denise47 le 26 Février 2016 à 14:04
LE CHAT
Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.
Cette voix qui perle et qui filtre,
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a plus besoin de mots.
Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux !
Charles Baudelaire
(Les fleurs du mal)♥♥ ♥♥♥ ♥♥
4 commentaires -
Par Denise47 le 15 Février 2016 à 11:34
L'AIGLE
L'aigle, c'est le génie ! Oiseau de la tempête,
Qui des monts les plus hauts cherche le plus haut faîte ;Dont le cri fier, du jour chante l'ardent réveil ;
Qui ne souille jamais sa serre dans la fange,
Et dont l'oeil flamboyant incessamment échange
Des éclairs avec le soleil.
Victor Hugo
(Odes et Ballades - 1822)
@Beauty2015
8 commentaires -
Par Denise47 le 11 Février 2016 à 18:19
Je couds mes rêves sur des nuages de pluie
Des bouquets de mots d'amour pour fleurir mes pensées
Je brode des étoiles sur les silences tout gris
Dans mon coeur ils sont là bien accrochés.J'ourle sur une toile d'ombre quelques beaux souvenirs
Je pique un à un des songes de satin
Sur des nuits sans sommeil où je voudrais dormir
Qui me tient éveillé jusqu'au petit matin.Je tisse mes sentiments sur la trame de ma vie
Et puis des sourires sur ton ombre de brume
Des perles de douceur sur un amour enfoui
Et de tendres poèmes écrits de ma plume.J'enfile tes mots petits diamants de toi
En un collier bleu auréolé de lumière
Je le garde bien au chaud pour les jours sans joie
Pour illuminer mon cou comme une rivière.Je découds point par point tous les mots de chagrin
Le vent les emportera vers le ciel infini
Ils retomberont en poussière un beau matin
Laissant place à une belle et douce éclaircie.(auteur inconnu)
5 commentaires
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